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Revue de Presse

Désir, Terre et Sang vu par la presse française :

« La piste du chapiteau a la sécheresse des campagnes andalouses brûlées de soleil, où rien ne doit changer. Sur cette terre les désirs empêchés, le poids des mères qui condamnent leurs filles au même enfermement que celui qu’elles connaissent, le désir des hommes arrêté par le manque d’argent et les haines familiales recuites vont faire couler le sang. La pleine lune, la forêt qui semble engloutir les amants, les aboiements des chiens dans la nuit, les discussions des femmes, créent un climat à la fois poétique et inquiétant, annonciateur des drames. Le spectacle est ponctué par des interventions de celui que les phalangistes appelaient le « maître rouge », l’instituteur ami de Lorca, qui rappelle la vie du poète, l’aventure de la Barraca et son assassinat sur une route menant à Grenade, la ville qu’il aimait tant.

Line Adam a composé pour le spectacle, comme une lointaine réminiscence de la Barraca, une partition musicale où l’on retrouve les influences du cante jondo et du flamenco andalou, de la musique de Federico et de son ami Manuel de Falla, mais aussi l’écho de cantates de Bach. Fidèles à la langue du poète, l’espagnol, accompagnées par deux musiciens, les voix des femmes se mêlent à celles des hommes dans des chœurs rugueux et poignants.

Un spectacle singulier qui rend hommage à l’univers de Lorca, sa révolte contre une société corsetée, son désir de liberté et sa poésie. »

Micheline Rousselet – Blog culture du SNES-FSU – 21 juin 2022

« Veuves noires, femmes nubiles ou daronnes impitoyables, filles rebelles ou soumises, les femmes sont au centre de cette création et occupent tout l’espace. Les hommes font de brèves apparitions en périphérie. Tous subissent le poids des normes sociales et l’intégrisme religieux qui broie tout désir. Hystérie féminine d’une part, brutalité et maladresse masculine d’autre part. La seule échappatoire à cette chape de plomb est la folie, comme cette folle au logis, jouée par un homme, qui erre hagarde en gémissant : « Je veux m’en aller d’ici, je veux m’enfuir, pour me marier au bord de la mer, au bord de la mer, je veux un mari ».

Des tableaux expressionnistes à la Pina Bausch se succèdent, les comédiens chantent, dansent, miment la tentation, l’excitation, la sexualité, les désirs, le rejet, les déchirements, les trahisons, la violence…  Les bras pendent le long du corps de femmes aux visages cachés derrière leurs cheveux, les dos s’arc-boutent, les doigts se tendent, les bras s’arrondissent, la musique n’accompagne pas la danse, elle est sa fidèle partenaire.

Le public retient son souffle happé par le cercle en bois du plateau, emblème du théâtre forain.

Spectateurs d’Avignon, soyez au rendez-vous ce théâtre immersif ; venez-vous installer sous la voûte étoilée des baladins comme un ciel andalou, vous y verrez l’arène rouge de sang, les chiens qui hurlent à la pleine lune, le chœur mystique des veuves, les malédictions, les fêtes gitanes, la terre d’Espagne « pleine d’entailles et de miel » selon Lorca, le duende …. »

Sylvie Boursier – Un fauteuil pour l’orchestre – 23 mai 2022

« Trente personnes, dont seize acteurs et deux musiciens, forment chaque soir l’équipe du spectacle pour rendre à Lorca sa force politique et au théâtre itinérant sa mission citoyenne d’initiation, de rencontre et de transgression. La roulotte qui se fait décor dans le cours du spectacle forme comme un rappel de la philosophie de la Barraca, une manière de rendre manifeste, comme dans le procédé du théâtre dans le théâtre, l’itinérance dans l’itinérance.

« Le théâtre, c’est de la poésie qui sort du livre pour descendre dans la rue », avait écrit Lorca. Oratorio pour un poète défunt dont la voix troue le silence d’un désert sans perspective, Désir, terre et sang nous parle d’un espoir fou, où la liberté et l’éducation jouent le premier rôle. Et où la poésie emporte le regard… »

Sarah Franck – Arts-Chipels – 24 mai 2022

« Le fait est que Lorca met en pleine lumière les personnages féminins. Ce sont elles les héroïnes de ces vies qui commencent sous le joug du père et des mères, pour finir sous celui du mari : des vies de papillons, faits d’ombres et de reniement, de soumission et de vieillissement prématuré, mais aussi de rêves, de désirs fous, de poésie. Les Baladins du Miroir ont ainsi convoqué une troupe majoritairement féminine qui, dans sa belle diversité, clame la révolte sourde de la vie même face à des règles sociales castratrices, humiliantes. Dans ce cri, l’appel franquiste : « Viva la muerte ! » est jeté en pleine lumière comme une menace morbide faite aussi sur nos libertés et à nos sociétés capables de se laisser séduire par le rabotage des droits des femmes. La crise qui dure depuis cinquante ans, n’explique pas tout. »

Bruno Fougniès – La Revue du Spectacle – 30 Mai 2022

« Le chant, la musique, la danse, la vidéo enveloppent le jeu, qui se déploie sur la piste circulaire du chapiteau, sous les yeux du public hypnotisé. L’ensemble compose un conte d’amour et de haine, de désir et de frustration, dans un monde où « naître femme est le pire des châtiments », mais où les femmes peuvent être autant les instigatrices de la tragédie que ses victimes. Le texte de Lorca a l’immense mérite de montrer que c’est la tyrannie plutôt que les hommes qui fait l’essence du patriarcat, et que les femmes elles-mêmes peuvent être le relai de la servitude volontaire. Le travail de tous les artistes réunis par ce spectacle est éblouissant : ils créent des images puissantes et belles et interprètent le texte qui tuile savamment les trois pièces avec une vitalité, une souplesse transformiste et une émotion d’une rare qualité. »

Catherine Robert – La Terrasse – juin 2022

 

Retrouvez les articles en ligne ici :

Désir, Terre et Sang d’après Federico Garcia Lorca adaptation et mise en scène de Dominique Serron, théâtre musical sous le chapiteau des Baladins du Miroir

http://www.arts-chipels.fr/2022/05/desir-terre-et-sang.oratorio-forain-pour-un-poete-andalou-defunt.html

http://lesbaladinsdumiroir.be/wp-content/uploads/sites/2/2022/07/Dauphiné-0807.pdf

http://lesbaladinsdumiroir.be/wp-content/uploads/sites/2/2022/07/La-Terrasse.pdf

Les Baladins du Miroir sillonnent les routes avec Lorca dans le rétroviseur

« Désir, terre et sang »

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